Une petite remarque déplacée, un mail virulent, une mise à l’écart de l’équipe… Vos journées de travail peuvent vite devenir cauchemardesques ! La somme de tous ces comportements abusifs peut très vite détruire votre environnement de travail. Les conséquences sont souvent très importantes, tant sur le plan physique que psychique et peuvent conduire, dans ses formes les plus graves, au suicide.
Mais le harcèlement moral reste un sujet sensible, voire tabou. Il est alors essentiel d’en parler pour mieux le comprendre et l’appréhender.
Mieux comprendre la notion de harcèlement moral au travail
Définition
L’État définit le harcèlement moral au travail comme suit : “Le harcèlement moral se manifeste par des agissements malveillants répétés : remarques désobligeantes, intimidations, insultes… Ces agissements entraînent une forte dégradation des conditions de travail de la victime, et peuvent : porter atteinte à ses droits et à sa dignité, altérer sa santé physique ou mentale ou compromettre son avenir professionnel”.
Il est important de rappeler que le harcèlement n’émane pas toujours d’une seule personne et qu’il revêt plusieurs formes :
- une personne seule qui prend pour cible un salarié ;
- un groupe de personnes qui s’allient contre une seule.
La législation en vigueur
La loi sur le harcèlement moral a presque 20 ans, puisqu’elle date de 2002. Cette loi fait l’objet d’amendements réguliers par les députés et sénateurs, mais cela n’empêche pas qu’il y ait encore de nombreux cas dans les entreprises. l’Ipsos nous rappelle que trois salariés sur 10 sont encore victimes de harcèlement moral au travail !
Début août 2021, la loi destinée à renforcer la prévention en santé au travail a été promulguée. L’objectif est d’élargir les missions des services de prévention et de santé au travail afin de mieux détecter, entre autres, les situations de harcèlement sous toutes leurs formes (moral ou sexuel). Un texte qui devrait entrer en vigueur le 30 mars 2022 par les entreprises françaises.
Enfin, le 1er traité international contre la violence et le harcèlement au travail est entré en vigueur le 25 juin 2021. Il s’agit de reconnaître le droit de chacun à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement (y compris fondés sur le genre) et d’offrir un cadre d’action commun à tous les pays.
Quelle sanction ?
La législation française impose à l’employeur de s’assurer de la sécurité et de protéger la santé mentale et physique de ses salariés. Ainsi, même si beaucoup d’entreprises misent aujourd’hui sur le bien-être au travail, cela n’empêche pas l’existence de nombreux cas de harcèlement moral en entreprise.
Que ce soit le fait d’une personne ou d’une entreprise, le harcèlement moral est dès lors puni par la loi. La peine encourue peut aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour la personne qui le commet. Une société a par exemple été récemment condamnée à indemniser plusieurs de ses anciens salariés qui se disaient victimes de harcèlement moral. Celle-ci doit ainsi verser plusieurs dizaines de milliers d’euros pour « licenciement nul ».
Les bonnes pratiques face au harcèlement moral sur votre lieu de travail
Toutes les victimes de harcèlement n’ont généralement pas pris conscience de ce qui se passait. Il est donc tout à fait normal de s’interroger sur les éléments déclencheurs. Qu’est-ce que vous avez bien pu faire pour en arriver là ? Pourquoi vous ? Vous tentez de reconstituer le puzzle, mais vous ne comprenez pas pourquoi votre collègue ou votre responsable mène de tels agissements. En effet, les causes du harcèlement ne sont pas toujours faciles à identifier. Bien souvent, la victime est une personne investie dans son travail qui suscite tout simplement de la jalousie.
Garder une posture professionnelle
Il est primordial de garder le contrôle de ses émotions afin de continuer à “donner le change” de façon professionnelle. Quoi qu’il arrive, ne rentrez pas dans le jeu du harceleur, ne réagissez pas à ses intimidations. Son objectif est de vous déstabiliser, d’atteindre votre moral et de tout faire pour vous pousser à la faute professionnelle. Gardez une posture professionnelle : faites preuve de calme, de politesse et de respect. Vous limiterez ainsi sa marge de manœuvre.
La solution est aussi de tenter de désamorcer la situation en ouvrant le dialogue avec la personne concernée. Vous comprendrez très vite s’il est possible de vous expliquer en bonne intelligence ou si le dialogue est impossible.
Récolter des preuves
Le harcèlement moral constitue une réelle souffrance au travail. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un délit puni par la loi au titre des articles L1152-1 à L1152-6 du code du travail. Si vous décidez de porter plainte, il faut pouvoir en apporter la preuve.
Comment ? En récoltant au fil du temps des éléments qui relèvent du harcèlement, de comportements préjudiciables comme :
- des mails intimidants ou insultants ;
- des sms tardifs ;
- une mise à l’écart lors des réunions ;
- un changement de bureau…
Toutes les notes que vous pouvez prendre pour vous souvenir des actes de harcèlement à votre encontre sont également recevables. Ces preuves vous permettront de vous constituer un dossier en cas de poursuites judiciaires. Vous pourrez ainsi faire valoir vos droits, en tant que victime de harcèlement moral au travail.
Se faire conseiller et aider
Ne vous emprisonnez pas dans votre mal-être : faites vous aider. La première chose à faire est d’en parler à vos proches pour avoir des conseils et des avis éclairés. Votre médecin de famille peut également vous guider et il saura détecter le moment où vous allez vraiment mal.
D’autres interlocuteurs peuvent vous venir en aide : un hiérarchique, un délégué du personnel, le service des ressources humaines ou encore le service de santé au travail.
Enfin, vous pouvez vous rapprocher de structures externes comme l’inspection du travail, une association d’aide aux victimes de harcèlement, un cabinet de conseil juridique ou un avocat.
Certaines victimes n’ont cependant personne vers qui se tourner et se retrouvent très vite démunies. Le rôle de l’entreprise et des institutions prend alors tout son sens : il est impératif de prévenir les situations de harcèlement moral, impératif de former, d’informer et de communiquer.
Comment prévenir les situations de harcèlement moral ?
Une prévention collective
La préoccupation principale est bien de renforcer la protection du salarié sur son lieu de travail. La prévention du harcèlement s’inscrit d’ailleurs dans le cadre général de la prévention des risques psychosociaux.
Une démarche de prévention collective doit être mise en place au sein des entreprises. Elle sera plus efficace dans le temps et permettra d’agir durablement sur les facteurs de stress, de harcèlement et de violences internes au travail.
Un mode de management participatif
Le rôle du manager est fondamental ! Aujourd’hui, on parle même du manager 2.0 : celui qui pense à ses collaborateurs et qui sait les accompagner avec bienveillance.
Rappelons que le bien-être au travail fait partie des 4 grandes tendances RH de 2021. La thématique de la Qualité de Vie au Travail appartient aux pratiques managériales en nette progression.
Des actions d’information et de formation
Prévenir, manager avec bienveillance, mais aussi informer et former. Telles sont les actions à mener. Le règlement intérieur doit rappeler par exemple les dispositions relatives à l’interdiction du harcèlement moral. Des chartes de bonne conduite peuvent être rédigées en complément afin de prévenir les situations de harcèlement en interne.
Enfin, il peut être intéressant de former vos collaborateurs pour qu’ils comprennent bien quels sont les enjeux humains et juridiques de la santé au travail. Il pourra être envisagé de mettre en place des outils pour réajuster les comportements et accompagner les collaborateurs.
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